Les SDF, la Société et l’Hypocrisie

« Alors non, moi je ne donne pas d’argent aux SDF, ils vont s’acheter de l’alcool avec… Un repas, je veux bien, par contre je ne vais pas financer leur addiction. »

La République en marche arrière... Une réalité française.

« Alors non, moi je ne donne pas d’argent aux SDF, ils vont s’acheter de l’alcool avec… Un repas, je veux bien, par contre je ne vais pas financer leur addiction. »

L’enfer est pavé de bonnes intentions. Mais dans ses ruelles sinueuses et venteuses, où s’entassent les rêves échus et déchus d’une société maladive, on oublie un peu vite…

La réalité.

La réalité, dans toute sa pluralité. Les réalités, riches de diversité, démunies d’égalité. Celle qui est la nôtre quand on hésite à donner une pièce au mendiant n’est en rien similaire à la sienne.

Le soir venu, les lumières s’allumeront dans notre salon. Les mains sur une tasse de café fumante, nous nous plaindrons du froid ; le repas servi, nous l’accompagnerons d’un vin chaud ; nous nous réjouirons d’avoir sauvé cette pauvre hère de la dépendance, tout en satisfaisant la nôtre.

N’accomplissons-nous pas là la bonne action, celle qui viendra équilibrer nos propres péchés ? N’est-il pas délicieux de s’autocongratuler d’avoir protégé son compte en banque du prix intenable de la dépendance d’autrui, sauvant au passage assez de monnaie pour financer notre alcoolisme à nous ? Nos addictions personnelles ?

Surtout la plus fatale de toute.

L’hypocrisie. (les riches c’est à vous qu’on parle)


Une affliction mortelle… pour les autres. Vous, elle a déjà détruit toute votre Humanité. Ou alors, vous l’avez abandonnée en délaissant votre Humanité… On ne sait plus. C’est le serpent qui se mord la queue, la poule et l’oeuf.

Depuis la naissance de cette merveilleuse (non) invention qu’est le capitalisme, on assiste de tous les côtés d’une Humanité qui n’en mérite pas le nom au blâme, systématique, des…

Pauvres.

On me dira, « c’est naturel de s’attaquer aux plus faibles. » Après tout, les animaux carnivores s’en prennent bien aux proies isolées, les séparant eux-mêmes du troupeau si nécessaire.
En attendant, puisque nous sommes, supposément, plus intelligents que les animaux basiques…
Pourquoi n’a-t-on pas révolutionné ce système de la facilité ? Si nous sommes des êtres si incroyables, nous autres humains, pourquoi ne cherchons-nous pas à… progresser ?

Photo de Chris Boland sur Unsplash


Ordem e progresso : ordre et progrès, le drapeau du Brésil. L’ordre… pour éviter le progrès ?

Quand j’étais au Brésil, j’avais régulièrement droit aux commentaires éclairés des riches qui m’entouraient. Les « ne parle pas aux SDF, ils sont dangereux » succédaient aux « franchement, ils font fuir la clientèle, faudrait les dégager de là » dans une éblouissante farandole d’égoïsme.

Revenue en France, la chanson a repris. « Ils ont qu’à traverser la rue » à la télé, « pourquoi tu vas pas bosser comme nous tous ? » dans mes commentaires TikTok. Le peuple, puisqu’emprisonné, et égoïste, considère que toi aussi, tu devrais te retrouver dans la même prison mentale que lui. Les chiennes des CEO sont donc venues me montrer les dents…

Blâmant, au passage, les fameux « sans dents » pour leur situation.

La République en marche… sur le dos des pauvres à terre. Photo de ev sur Unsplash

En big 2025, de partout, j’ai le plaisir de lire des commentaires respirant l’autosatisfaction, transpirant l’égocentrisme, et haletant devant un remarquable manque d’empathie.

Voici une sélection de ce que je peux lire sur Twitter ou entendre dans les rues :

  • Franchement, faut arrêter de dire qu’on manque de boulot en France (Christine, 35 ans passés à taper sur un clavier et sur les pauvres à la CAF)
  • On a tout en France, je vois pas de quoi ils se plaignent (Philippe, qui a toujours tout eu en France, suite à l’enrichissement de ses parents pendant les 30 glorieuses)
  • S’ils prenaient pas de drogue aussi… (Géraldine, 50 ans, dont le fils s’enfile des lignes de coke à n’y voir plus que blanc dans ses réunions… Mais « c’est différent, c’est pour le boulot ! »)
  • Les réfugiés, aussi, ils ont qu’à rester chez eux, plutôt que de venir ici… Ils seraient moins dans la merde ! (Jean-Charles, qui n’a jamais rencontré un réfugié de sa vie)
  • Les chômeurs, tous des fainéants ! (Léon, patron de restaurant qui cherche à embaucher des esclaves… euh, salariés au tiers du SMIC pour bosser 12 heures par jour)

A ce stade, il est bon de se rappeler qu’avec un QI moyen de 97 points, la France occupe la 30e place du classement du QI à l’échelle mondiale . Ce qui n’est pas bon, en soi. La moyenne, c’est pas un idéal à atteindre ; 10/20, ben c’est juste ça… Moyen.

On a une masse limitée intellectuellement… Et, apparemment, c’est acceptable.

C’est acceptable… Par qui ? Qui encourage un nivellement par le bas de nos écoles, avec des diplômes littéralement donnés à la chaîne ? Qui pousse pour une augmentation des années de travail, limitant donc le temps disponible pour s’éduquer pour de vrai, pour lire, pour apprendre ? Qui, putain, blâme l’abrutissement de la population par les réseaux sociaux… sans rien faire pour en limiter l’expansion ?

Oui, bordel. QUI bénéficie de l’hypocrisie, et en a fait son fond de commerce, en INVENTANT le commerce capitaliste ?

Un indice : c’est pas le SDF, qui crève de froid et de faim, mais heureusement, pas de drogue.

Ce serait pas plutôt… Cette même crevarde et ses talons à 300 balles, qui « ne financera pas ses addictions »… parce qu’elle, elle a les siennes à financer ?

Avec votre argent, ma chère petite masse silencieuse ?

Comment je me sens au contact de vos arguments sans logique ni coeur – Photo de Louise Patterton sur Unsplash

Vous voyez, moi, je blâme pas les pauvres. Déjà, parce que j’en fais partie ; mais surtout, parce que je sais où se trouvent les vrais monstres.

Et les monstres, c’est pas que les pétasses en furie armées de leurs billets-boucliers.

C’est pas non plus Macron et toute sa clique d’égoïstes cockés jusqu’aux oreilles.

C’est aussi vous, qui, un jour de plus, ignorerez les SDF et les pauvres volontairement. Oui, on vous a entrainé à l’égoïsme depuis toujours. Mais si vous refusez de vous pencher sur la question, et de vous remettre en question, ça fait de vous des égoïstes. Ca fait de vous des idiots, fiers de l’être.

Et ça, c’est de votre faute.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *