Bon, je suis dépressive. Rien de surprenant, dans la mesure où je sors de l’enfer sur Terre – la maison de mes darons. Les traumatismes et la dépression se tiennent généralement la main, formant une jolie chaîne sur le pont le plus proche avec leurs amis, l’anxiété, la pauvreté, l’addiction, etc.
En plus, j’ai la joie et le plaisir d’être sous le joug de la Loi de Murphy, cette loi qui dit que tout ce qui peut mal finir finira mal, au pire moment possible.
Pour finir, j’ai évidemment un fort sens du perfectionnisme, couplé à une volonté obsessionnelle de réaliser l’impossible. En somme, j’ai décidé de publier un livre par moi-même, en même temps que je créais un site sur Internet, et tout en établissant un programme marketing online qui implique de publier de façon régulière sur tous les réseaux.
Tout ça, en étant à la rue.
Le burn-out menace. La dépression terrasse.
Voilà donc, pour vous, toutes les situations qui m’ont donné l’envie de me tuer, en cette belle année 2025.
La pauvreté
- La Caf qui ne me verse que 300 euros par mois, et me ment plusieurs fois, en me parlant aussi de façon hautaine, sur la future correction de leur propre faute
- Avoir deux banques à mes trousses + un remboursement de prêt qui augmente (prêt qui m’a maintenue en vie en 2023)
- Aller quémander secours à mes amis DEUX fois parce que je me suis retrouvée à la rue (on s’habitue)
- Avoir dû manger la nourriture de mes amis, leur coûtant donc de l’argent car moi je n’en ai pas
- Leur emprunter de l’argent pour remettre de l’essence afin d’emmener un chien inconnu au vétérinaire
- Utiliser leur douche pour me laver, leur coûtant de l’eau
- Paradoxalement, ne PAS oser prendre de douches, ayant l’impression de passer pour la dégueulasse du quartier à leurs yeux
- Voir les riches sur Insta vivre leur meilleure vie + me sortir des dingueries du genre « on a toujours le choix » ou encore « non c’est pas vrai ce que tu dis parce que j’ai pas la même expérience que toi«
Les traumatismes et mes bourreaux
- Faire du bruit la nuit en me cognant aux barrières de meubles de mes amis, parce que « évidemment que je les dérange à exister ici, je peux pas être plus discrète, putain ? » (la voix de ma mère, ça)
- Leur chien que je laisse sortir puis qui refuse de rentrer parce que « ben c’est de ma faute… je vais me faire engueuler »
- Mon père sociopathe qui me force à me brûler les doigts sur une plaque bouillante
- Mon père sociopathe qui me menace à cause de la fenêtre ouverte
- Mon père sociopathe qui me menace à cause de la fenêtre fermée
- Mon père sociopathe qui me menace à cause de l’eau qui boue sans couvercle sur la casserole
- Mon père sociopathe qui bat les chats devant moi qui dit rien parce que sinon je vais clamser
- L’épuisement et le stress mental général dû à toute cette liste.
La France
- La connasse d’une association d’aide juridictionnelle qui me dit « ah si vous avez pas d’argent, ça va être compliqué, hein » d’un ton condescendant alors que je cherche un avocat pour reporter des CRIMES
- Le flic (ACAB) qui laisse entendre, successivement, que je suis une folle, une droguée, une menteuse, un cas social et une menteuse (donc une criminelle moi-même), alors que je suis venue, toujours, reporter des CRIMES
- Me faire harceler par cinq vrais cas sociaux bourrés, mode t-shirt sur la tête 8-6 en main, alors que je cherchais la tranquillité pour apaiser ma tête en burn-out
- Entendre de tout un tas de gens privilégiés que « quand même, ça pourrait être pire, t’as de la chance d’être française »
- L’inflation, sans cesse augmentant, alors même que mes fonds à moi sont inexistants.
2025, l’année de l’horreur.
Le problème, c’est que j’ai déjà vécu une année entière comme celle-ci. 2023 : une voiture cassée, des lunettes brisées, un portable en miettes, la rue comme seule couette.
C’était un cauchemar sans fin, et comme tous les traumatismes, celui-ci demeure présent, même quand le danger est passé. Ca, c’est de la psychologie de base, pour tous les « la dépression, ça existe pas parce que j’en souffre pas » qui nous entourent.
Cependant, je ne suis pas morte. Surprise, surprise, hein !
Eh non, ceci n’est pas une ode au suicide. Ceci est un appel à vous, au fond du gouffre, à vous souvenir qu’après une chute, il y a, logiquement, une remontée.
Motifs pour rester en vie – 2025 édition
- Mes amis, assez gentils pour m’héberger alors qu’ils ne me doivent rien.
- Leurs chats, leur chien, les miens qui sont gentils avec moi et viennent dormir en ma compagnie ou me faire des câlins.
- La dame perdue en sortie de périf’ qui avait besoin de mon aide pour rejoindre l’autoroute.
- Le gentil monsieur un peu paumé qui avait besoin de mon aide pour faire tourner sa machine au lavomatique.
- Le sympathique papy qui a spontanément entamé la conversation avec moi au hasard d’une clope.
- Le fait que j’avais un livre à écrire.
- Le fait que j’avais un livre à publier.
- La vidéo d’une seconde/jour à terminer.
- Mes frères, qui ne peuvent pas se permettre de me perdre.
Comment survivre à une dépression sévère
La dépression donne envie de s’isoler. A la façon dont l’animal sauvage se met à l’écart pour mourir ou soigner ses blessures, la maladie mentale pousse sa victime à se cacher, à disparaître.
Restez entourés (de bonnes personnes !)
Le fait est que nous sommes des êtres sociaux. Aller à la rencontre d’autrui est une solution à notre mal. Même si c’est contre-intuitif, et même si, aussi, « L’enfer, c’est les autres » ; pour nous autres dépressifs, l’enfer brûle déjà en nous. Le suicide, C’EST la pensée la plus sombre qui puisse vous traverser. Autant pousser le bouchon, et aller voir du monde, non ? Vous êtes déjà au fond du trou, les gars. Qui vous dit qu’il n’y a pas un bon Samaritain en possession d’une échelle, de l’autre côté de la fosse ?
Les animaux, le remède à tout
D’autre part, si vraiment, l’espèce humaine vous dégoûte (ce que je peux comprendre), il n’en reste pas moins… la nature. Pure, belle, une littérale bouffée d’air frais, elle n’attend que votre venue. La forêt, la montagne, un champ même ; le soleil et le vent sauront guider vos pas vers des jours meilleurs. Et puis, s’il ne fait pas beau… Vous savez qui a besoin de vous ? Tous ces animaux abandonnés, perdus et esseulés dans nos SPA, nos associations et nos rues. Se rendre utile est, pour nous autres vrais humains, la sensation la plus agréable qui existe.
Bien évidemment, si vous adoptez un animal, c’est pour la vie. La maladie mentale n’est pas et ne sera JAMAIS une excuse pour abandonner un compagnon à plumes, poil, ou encore écailles.
Un but à atteindre ; un objectif « avant de mourir »
Enfin, mes chers petits déprimés… ça paraît impossible, mais il va falloir vous trouver un objectif à poursuivre « avant de mourir ».
« Mais enfin, Lucie… Quand je suis au pic de la dépression, je n’arrive même pas à trouver la volonté d’aller jusqu’à la douche. Et je suis censé poursuivre un but plus difficile encore ? »
Mes agneaux, je sais. Ma propre voiture n’a plus aucune différence avec la déchetterie du coin, en ce moment. Mes affaires sont éclatées partout dedans, et je regarde ce spectacle avec l’apathie la plus absolue tous les jours.
C’est pour ça que cet ultime conseil s’applique à votre Vous du futur. Parce que oui, il ou elle existe encore ; laissez-lui une chance de vous sauver.
Vous du futur : trouvez un objectif constant, à réaliser de façon constante et régulière. Pour moi, c’était de filmer une vidéo d’une seconde tous les jours, pour parvenir à un montage de 6 minutes en fin d’année, retraçant donc celle-ci devant mes yeux émus.
Ca fait 5 ans que je fais ça, et des dizaines de fois que je refuse de mettre fin à mes jours, puisque « j’ai commencé la vidéo… je vais pas m’arrêter en plein milieu d’année comme ça ! ». Accessoirement, maintenant, je vise la survie jusqu’à en avoir fait 50, des vidéos comme ça.
Si vous n’aimez pas la vidéo, il y a d’autres options. Le concept c’est de vous lancer dans un projet, une activité que vous savez aimer, dont vous ne vous lasserez pas, et dont le projet peut sans cesse grandir en ampleur.
- « Je ne peux pas me tuer tant que je n’ai pas crocheté une écharpe de dix kilomètres de long » (puis vingt kilomètres, puis cent…)
- « Je ne peux pas me tuer tant que j’ai pas visité tous les continents sur Terre » (puis tous les pays, puis toutes les régions de ceux-ci…)
- « Je ne peux pas me tuer tant que j’ai pas appris à piloter un bateau, un avion, et une moto’ (puis chaque catégorie du permis bateau/avion/moto…)
- « Je ne peux pas me tuer tant que je n’ai pas lu 100 livres (puis, 100 livres par catégorie de romans, ou les 100 plus grands classiques, ou 100 livres dans une langue étrangère)…
« Je ne peux pas me tuer tant que je n’ai pas fini mon livre. »
« Je ne peux pas me tuer tant que je l’ai pas publié. »
« Je ne peux pas me tuer tant que je n’en ai pas vendu X exemplaires. »
L’idée, c’est d’avoir plusieurs projets difficiles, voire quasi impossibles, mais qui vous font rêver. Des buts auxquels s’accrocher, et qui sont toujours suivis d’autres actions, de projets secondaires, sur lesquels vous devrez vous concentrer.
Parce qu’après tout… vous avez tenu jusque là, déjà.
Vous allez pas vous arrêter en si bon chemin ?

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